samedi 26 janvier 2013

Jolis mois de mai _ 3ème édition !



Il n'est pas (encore) trop tard pour le commander !








324 pages belles et bonnes que vous pouvez d'ores et déjà échanger contre la modique somme de 15 €uros 

contactez : octographe@hotmail.fr



Extraits


 ... Et qui était dans le sac ? Ricard ! Oh ! c’était peut-être Milou ou Médor, mais ils le baptisèrent illico du nom de leur boisson préférée.
Les élèves furent interrogés par les gendarmes pendant mon cours : le vieux avait déposé plainte, voulait récupérer son fusil et se plaignait de ce qu’on lui avait volé son chien. Je fis l’innocente, nul ne savait où était la bête. La maréchaussée se bidonna, ce qui tend à prouver que certains sont récupérables.
Je ne peux pas passer non plus sous silence le jour de cette inspection capitale pour mon avenir au sein du Ministère de l’Agriculture où l’inspecteur, déboulant dans la classe sans prévenir. « Restez assis, ne vous inquiétez pas, je suis un nouvel élève », assista ébahi à l’explication d’un texte où tous adhéraient avec enthousiasme à cette déclaration de Diderot affirmant que voler les riches n’était pas grave puisque ce n’était que voler des voleurs. C’était donc juste de la « Restitution »…sic.
Et, après tout, comme dit Lapêche, c’était donc une bonne action.
Nous étions fin avril 1968.
Dans les rares moments où l’enseignement me laissait libre... (Oui, j’avais entrepris en dehors des cours, pour occuper tous ces pauvres pensionnaires, de monter une pièce de Durrenmatt : Romulus le Grand) je continuais mon mémoire sur le théâtre de Romain Rolland. Toutes ses pièces évoquaient les héros et les grands moments de la Révolution Française. Ce n’était que cris, luttes, attaques du pouvoir absolu, bref j’étais en plein cœur des affrontements....




 ... Je ne sais plus, je suis aux abonnés absents, je dois dormir car je perçois mes petits ronflements, et que ça énerve Pascal qui vient alors me taper sur la joue : « Oh celle-là ! qu’est-ce qu’elle est crispante ! »
Mais décidément, dès que je m’assoupis, il se passe quelque chose !
J’entends un cri, je me lève en sursaut, je vois les visages ahuris autour de moi, le patron du bistrot tétanisé derrière son bar un verre et un torchon en suspend à la main et tous les regards tournés vers la porte qui mène aux toilettes.
Là, les mains couvertes de sang me semble-t-il, le regard hagard et plein d'épouvante, le petit tanagra brun, l’amie de Lucie se tient dans l’encadrement, paralysée, muette, glacée par l’effroi. Sa poitrine se soulève de façon saccadée et elle peine à respirer. Aucun son n’arrive à sortir de cette jolie bouche figée comme pour l’éternité.
Je me vois dans un film noir au ralenti, sans paroles … mais ce n’est pas du cinéma.
Les grosses larmes qui roulent sur les joues de la brunette sont bien de vraies larmes qui mouillent  ....






 « … nous sommes étudiants parisiens, … originaires du coin, … à Paris nous n'avons plus à manger ...alors on vient vendre le peu que nous avons, … notre connaissance de notre pays d'origine, … c'est pour manger, ... »
Petit à petit une foule d'auditeurs du troisième âge nous entourait comme si nous étions des « rock-stars » et, bien sûr, on en rajoutait une puis plusieurs couches :
« … les voitures et les immeubles brûlent un peu partout dans la capitale, … les gens se battent pour se partager et manger la dépouille d'un pauvre chat, … la police a déserté, … l'armée ne devrait pas tarder à donner l'assaut, ... ».
Emportés par notre élan lyrique, nous en avions certainement trop fait car des protestations commencèrent à fuser. C'est alors que l'un d'entre nous (que je ne connaissais pas très bien), qui suivait des cours d'art dramatique se leva, fixa dans les yeux un de nos contradicteurs et lui dit « ...Monsieur, … mon frère est mort hier soir sur les barricades, … vous croyez qu'on a le cœur à rigoler ??? ». Aussitôt ce fut le silence, bientôt accompagné de la dispersion de nos auditeurs. 
Fin de l'histoire ??? 
Que non, ......  


 ...Cette situation pouvait aussi se révéler extrêmement dangereuse car, s’il y avait un assassin dans le groupe, il serait capable d’éliminer tous ceux qu’il croirait posséder des soupçons sur lui. Si je laissais supposer à tel ou tel que je savais des choses compromettantes je risquais simplement ma vie. Et ce qui augmentait le risque c’est que, justement, je ne savais rien sur qui que ce soit ....  



... avec un groupe de sonores senoras ( ! ) madrilènes venues faire un séjour dans la capitale et désolées de ne pouvoir profiter de l’Opéra, des théâtres, des musées ni même du shopping « con la revolucion » !
Miraculeusement découverte, la boutique de Lucie leur sert de défouloir leur caquetage accompagne le ballet de leurs mains parfaitement manucurées alourdies d’énormes bracelets d’or à médailles fouillant dans les merveilles :
« Oye que bonito, que gracioso, que maravilloso, tan suave »… Ravies de pouvoir dialoguer avec moi elles sont parties chargées de sacs et de cartons. J’étais effarée du montant de la recette.
Marc se repose de ses travaux en me demandant de faire pour lui, de temps en temps, le mannequin-lingerie. Quelle douceur que ces sous- vêtements de satin, de soie, ornés délicatement de dentelle ou de minuscules perles, ou ces nuisettes, comme je n’en avais jamais vu, d’un noir transparent, décorées de nœuds de satin. J’oublie toute pudeur et me sens belle dans le regard de Marc. Le défilé se termine toujours entre ses bras ...


 ... Je regarde Olivier, il ne m’a pas l’air particulièrement convulsé.
Je reprends :
- Rigole pas comme ça, laisse-moi lire, ne me touche pas sinon je te saute dessus ! … donc - Vient ensuite une extase délicieuse pendant laquelle l’esprit se plait aux souvenirs les plus agréables, aux plus belles images. Le dico dit encore que cet état se poursuit par une extrême gaité que termine enfin une entière prostration. Fais gaffe mon mimi, trop de prostration tue l’amour !
Là non plus, Olivier n’est pas vraiment prostré, plutôt bien en forme dirais-je ! Il saute sur le lit, m’arrache le dico et poursuit la lecture : « Le haschich n’offre pas d’inconvénient marqué et trois grammes suffisent pour se mettre dans un état agréable. Mais si l’usage devient plus fréquent, il produit l’hébétation (l’hébétation ? on ne dit pas l’hébétitude ? … rires) et la poltronnerie, re rires. Ecoute Sissi, c’est marrant : les orientaux en font un abus déplorable ! Et si jamais on veut dissiper les hallucinations, il faut boire une limonade bien fraîche ! … Et regardant mes seins : mais j’ai des hallucinations ! ce n’est plus du 90D ? c’est du 130 Z !!!!
Ses visions monumentales nous entrainent vers une nouvelle série de galipettes expérimentales ...




... Tout à coup le murmure animé de nos conversations est couvert par un chahut monstrueux dans la rue. Des bandes de jeunes courent dans tous les sens en jetant des pavés sur les CRS qui avancent casqués, noirs, lourds armés de matraques. C’est une véritable bataille dans la fumée des gaz lacrymogènes dont l’odeur piquante arrive jusqu’à nous. Le patron rouspète contre tous « Ces merdeux qui flanquent la pagaille » en planquant sous le bar les plus chères de ses bouteilles. Impossible de sortir. Par contre je ne sais par quel miracle un grand gaillard arrivé en courant, entre en se protégeant la tête avec un attaché- case de cuir noir. Pas du tout le genre de mes compagnons ou des fous furieux qui se font tabasser dans la rue. Élégant costume croisé, chevelure courte séparée par une raie à la prussienne, il ressemble à l’idée que je me fais d’un banquier ou d’un notaire...
A mon grand étonnement il s’approche de Lucie et lui commande d’un ton sec :
- Suivez moi on sort d’ici.
Lucie s’exécute, docile, sans un mot pour nous qui restons interloqués alors qu’Olivier hurle :
- Mais c’est qui ce mec ? ...



 ... J'étais allongé par terre. Une douleur intense me torturait le crâne. Que se passait-il ?
- Ne bouge pas, ça ira.
C'était la voix d'Olivier. Je portai ma main à la tête et je sentis sur mes doigts comme un liquide chaud et poisseux. Du sang ?
- Ce n'est rien pour un costaud comme toi. La tête, ça saigne beaucoup. Tu as eu un magnifique KO, chuchota mon pote. Et puis tu sais, les types qui t'ont agressé t'avaient fourré dans cette poubelle. Je t'y ai trouvé par hasard.
- Le bar, le bar il n'y a rien ?
- C'est tout éteint, il est fermé. Tu penses bien ...

1 commentaire: