L’aspirant Clavel,
intellectuel égaré dans ce monde de brutes, après avoir examiné en détail
l’état des barbes, la propreté des chaussures et le boutonnage des cols, fit
mettre toute cette belle jeunesse au garde à vous et lança « 13ème Compagnie
rassemblée, à vous mon capitaine ! ».
Le beau capitaine Merlot
prit la parole :
« Messieurs, j’ai une déclaration
importante à vous faire. A Paris c’est la chienlit. C’est le mot du Président
de la République, qui d’ailleurs a disparu. Le Quartier Latin est à feu et à
sang. Je n’en dirai pas plus. Toutes les permissions sont suspendues, nous
sommes consignés dans la caserne jusqu’à nouvel ordre. Rompez les
rangs ! »
Consigné dans la chambrée, allongé sur mon lit, je
ressassais mes idées, pas aussi courtes que mes cheveux, n’en déplaise à
Antoine. Frida, Georges, Johnny tout cela se mélangeait et je glissais
lentement dans le sommeil. Charles mon voisin de lit, originaire de Sauveterre,
rouspétait tant et plus et rameutait les autres assis autour de la table et
cassant la croûte. Pauvre Charles, il devait partir le lendemain en permission
au pays. Il grognait sans arrêt : « Ah, ces fils à papa, ces cons
de petits bourgeois parisiens. Qu’est-ce qu’ils veulent ? Savent-ils
vraiment ce qu’est un ouvrier ou un agriculteur ? A la radio on apprend
qu’ils cassent tout, des bagnoles, des boutiques, des CRS. Ils sont tranquilles
eux, leur avenir est assuré. Tandis que moi je dois aider mon père à la ferme.
Il faut semer le maïs ».
Moi, de leur révolution je m’en foutais. J’étais
malheureux parce je m’étais déjà rêvé une vie de star. Des tournées de concerts
un peu partout, l’Olympia, et pourquoi pas le Carnegie Hall, des filles à la
pelle et de belles bagnoles.
Et voilà maintenant
cette histoire de soulèvement que je ne comprenais pas.
L’aspirant Clavel entra
brusquement dans la chambre et me fit signe de le suivre dans son bureau au
bout du couloir.
« Asseyez-vous. Pour distraire le régiment,
bloqué dans la caserne, le colonel a eu l’idée d’organiser un spectacle. Les
gars sont tellement énervés par les dernières nouvelles qu’il leur faut un
dérivatif. Et comme on ne peut faire aucun exercice militaire, ni marche, ni
sport. Il a pensé que la musique et le théâtre seraient parfaits. Comme je sais
que vous chantez et que vous avez trouvé ici trois musiciens avec lesquels vous
répétez, je vous demande de nous préparer un petit truc pour demain soir. Vous
pouvez bien nous faire une heure de spectacle ? N’est-ce pas ? ».
chap.1, Gérard-Ricky
allez, on vote : où est Ricky ?
RépondreSupprimerSylvette l'a reconnu !
moi aussi, je crois bien que je sais qui est Ricky Carter !
RépondreSupprimerPas bien difficile !
RépondreSupprimern'aurais-tu donc pas vieilli ?
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